Si certains aspects de l’identité d’une personne sont marginalisés dans la société et constituent des barrières à la réussite, d’autres au contraire ne posent pas ou peu de problèmes et représentent des « privilèges ». Les privilèges se manifestent et se chevauchent de multiples façons, et leurs conséquences sur les gens dépendent du contexte. 

Pour comprendre le concept de privilège, vous pouvez penser aux choses qui ont rendu votre vie plus difficile, aux épreuves que vous avez traversées pour des raisons indépendantes de votre volonté. Avez-vous grandi dans une famille monoparentale? Un milieu pauvre? Une communauté rurale offrant peu de possibilités? Un environnement où vous ne parliez pas la langue de la culture dominante? Où l’on ne vous prenait pas au sérieux en raison de votre accent? Dans les diverses épreuves que vous avez vécues, quels aspects de votre identité ont rendu la situation plus difficile ou parfois plus facile? Ce sont ces aspects de votre identité qui déterminent les privilèges que vous détenez ou non. Il peut s’agir, par exemple, de la race, du genre, de l’orientation sexuelle, de la religion, du statut socioéconomique, du pays d’origine, de la langue et de la capacité.

Parfois, une mauvaise compréhension de l’incidence des privilèges peut mener à des « olympiades de l’oppression » :

Examiner ses privilèges avec des collègues, des client.e.s ou dans le cadre d’une autoréflexion critique peut s’avérer inconfortable et laborieux. Pour reconnaître nos privilèges, nous devons d’abord admettre que nos réalisations ne sont pas dues uniquement à notre mérite, à nos compétences ou à notre éthique du travail. Voici quelques points importants à retenir à cet égard:

Nos privilèges ne déterminent pas forcément qui nous sommes. Nous avons le pouvoir de reconnaître nos privilèges et de tenir compte de ceux-ci dans nos actions.

Le privilège ne se limite pas à la race d’une personne. D’autres éléments de votre identité peuvent vous confier des privilèges aussi. Ce n’est pas parce que vous êtes privé.e d’un privilège que vous n’en détenez pas d’autres.

La reconnaissance des privilèges n’invalide pas les épreuves ou les expériences de vie d’une personne. Elle vise plutôt à mettre en évidence la façon dont la possession ou non de certains privilèges entraîne systématiquement des avantages ou des inconvénients dans la société.

L’expérience de privilège est contextuelle. Ceci est vrai tant pour comprendre l'impact d’un privilège donné que vous avez ou que vous n’avez pas; que pour comprendre dans quelle mesure ce privilège influence l'expérience vécue d'un individu ou d'un groupe.

Les privilèges s’entrecroisent (voir Section 1). Les membres d’un groupe ne profitent pas tou.te.s de la même façon des privilèges de ce groupe, et les privilèges ne sont pas tous égaux. La manière dont une personne bénéficie d’un privilège dépend de l’entrecroisement de ses identités. Vos expériences avec les structures systémiques et les attitudes sociales varieront selon l’ensemble de vos identités et votre positionnement.