3. Discrimination
Section 3: Discrimination 101
Discrimination
Discrimination nom - féminin | La discrimination est une action ou une décision qui a pour effet de traiter de manière négative une personne en raison, par exemple, de sa race, de son âge ou de sa déficience. – Commission canadienne des droits de la personne |
Discrimination noun | Treating a person or particular group of people differently, especially in a worse way from the way in which you treat other people, because of their skin colour, sex, sexuality, etc. – Cambridge Dictionary |
Les suffixes « isme » et « phobie » servent à former des termes qui évoquent la discrimination, par exemple, « racisme », « sexisme », « antisémitisme », « homophobie », « xénophobie » et « islamophobie ». La discrimination peut être liée aux facteurs mentionnés dans les définitions ci-dessus, ainsi qu'au statut socioéconomique, à l’ethnicité, à l’accent, au genre, à la religion, à l’âge ou même à une combinaison variable de facteurs.
Cela étant dit, d’où vient la discrimination?
Réponse : des préjugés inconscients
Préjugé inconscient nom composé - masculin | Les préjugés inconscients, aussi connus sous le nom de préjugés implicites, sont les jugements hâtifs que nous portons inconsciemment sur les autres. – Randstad |
Unconscious bias compound term | Unconscious biases are social stereotypes about certain groups of people that individuals form outside their own conscious awareness. –University of California, San Francisco |
Tous les humains ont des préjugés inconscients, acquis au travers de leurs interactions avec la société. Cette capacité à catégoriser rapidement des personnes et des situations a joué un rôle important dans l’évolution de l’humanité et du fonctionnement de notre cerveau (source et source).
Notre cerveau réflexif ou conscient correspond à nos pensées conscientes, qui sont forgées par notre raison, traitant ainsi nos actions et prises de décisions selon nos croyances, nos valeurs et nos opinions.
Notre cerveau automatique ou inconscient est la partie de notre cerveau qui traite l’information en faisant des catégorisations et des associations implicites, c’est-à-dire sans notre intervention consciente. Les associations automatiques sont:
- apprises par la pratique;
- le résultat de l’expérience;
- absorbées de manière pratiquement ou totalement inconsciente.
Les messages sociaux erronés à propos de personnes et de groupes s’impriment dans notre cerveau automatique. Cette internalisation se produit même lorsque notre cerveau réflexif est en désaccord avec ces messages. Même lorsque notre cerveau conscient rejette les stéréotypes, ceux-ci demeurent présents dans notre cerveau inconscient.
Études de cas sur les préjugés inconscients (source et source)
Dans un reportage réalisé par Lucie Payeur et Pascale Turbide en 2006, une enseignante d’une école primaire québécoise, Annie Leblanc, a reproduit une expérience sociale faite par l'enseignante américaine Jane Eliott sur la dicsrimination, dans le documentaire The Eye of the Storm, en 1970. Dans l’expérience sociale de Annie Leblanc, celle-ci a séparé sa classe en deux groupes selon la taille des élèves, soit les petit.e.s et les grand.e.s. Elle leur dit ensuite que selon des scientifiques, les petit.e.s sont « supérieur.e.s » aux grand.e.s, c’est-à-dire plus intelligent.e.s, rapides, sages et créatif.ve.s, alors que les grands seraient paresseux.ses, moins intelligent.e.s et écoutent moins bien les consignes. Après, elle a remis des dossard aux élèves grand.e.s, afin de les distinguer des autres. Ensuite, elle donnait des privilèges aux élèves petit.e.s, comme une permission pour sortir un peu avant la classe pour la récréation, puis encourageait les élèves petit.e.s, et décourageait les élèves grand.e.s.
Le but de cette expérience était d’observer le comportement des élèves face à cette ségrégation de la classe, afin de déterminer si les élèves changent leur comportement envers les autres selon des préjugés inconscients qui ont été introduits par l’enseignante, en créant un sentiment d’exclusion chez élèves grand.e.s et un sentiment d’importance chez les élèves petit.e.s. Comme l’expérience se passe presque 40 ans après l’expérience de Jane Elliott, on voulait observer si les attitudes face aux préjugés inconscients ont changé auprès des élèves de cette nouvelle génération.
Malgré la conscience des élèves sur les préjugés envers les personnes marginalisées, l’expérience de Annie Leblanc a donné les mêmes résultats que celle de Jane Eliott, 30 ans auparavant. En effet, les élèves petit.e.s ont commencé à adopter des comportements discriminatoires envers les élèves grand.e.s. Certains disaient des commentaires péjoratifs comme: « ça parait que c’est un grand », lorsqu’un élève performe moins bien. Les grand.e.s ont commencé à adopter un comportement différent qu’à l’habitude: les élèves performent moins bien, se tiennent plus à l’écart, sont plus triste, etc.
Cette expérience a donc démontré comment le processus de discrimination fonctionne, lorsqu’on introduit des préjugés dans la tête des personnes. Les préjugés inconscients sont implantés inconsciemment par des facteurs sociaux et culturels, et peuvent affecter notre façon de nous comporter envers les autres et envers nous-même.
Nos préjugés inconscients proviennent de différentes sources, dont la culture inconsciente.
Questions d’approfondissement :
Qu’est-ce qui caractérise et renforce la culture inconsciente?
Qui a la capacité d’influencer la culture inconsciente?
Lorsqu’on n’y porte pas attention, les préjugés inconscients peuvent se transformer, intentionnellement ou non, en gestes de discrimination directe ou de racisme. Cela peut influencer non seulement notre perception de l’oppression, mais également notre capacité à reconnaître nos privilèges et notre responsabilité dans la résolution de l’oppression.
Le racisme que nous connaissons
Racisme nom - masculin | Idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les « races »; comportement inspiré par cette idéologie. – Larousse |
Racism noun | Policies, behaviours, rules, etc. that result in a continued unfair advantage to some people and unfair or harmful treatment of others based on race. – Cambridge Dictionary |
Malgré la croyance générale, le racisme n’a pas toujours existé et le concept de race est relativement nouveau. On ne trouve aucune trace du terme « race » et de ses équivalents dans les textes anciens, ni même dans les récits de voyage de Marco Polo au 14e siècle. Son premier usage connu en français remonte à 1684, dans un article que publie François Bernier, un physicien de Montpellier de retour d’un long périple en Inde, dans le Journal des sçavans, le plus ancien périodique littéraire et scientifique d’Europe. La publication de cet article, qui représente la première tentative théorique de diviser l’humanité en « races », coïncide avec la naissance du colonialisme moderne et du commerce transatlantique des esclaves. Ceci n’est pas une coïncidence.
L’ère des Lumières et de l’esclavage
Bien que la pratique de la traite des être humains ait connu une expansion à cette époque, le 18e siècle a connu un courant de contradictions fondamentales sur la pratique de l’esclavagisme.
À cette époque, plusieurs philosophes se sont exprimés contre l’esclavagisme et le colonialisme. Cependant, le courant de pensée de l'époque prônait la hiérarchisation raciale, plaçant les européen.ne.s blanc.he.s en haut de la hiérarchie, et les autres groupes ethniques (et genres) en bas de celle-ci.
Cette hiérarchisation inégale des êtres humains était justifiée par la classification des êtres humains selon leur mode de civilisation et leurs attributs physiques, qui expliquerait les facteurs biologiques de chaque « race ». Selon la pensée de l’époque, la société occidentale représente l’état de la raison, alors que les autres civilisations représentent un « état primitif », dépourvu de conscience et d’intelligence. Ce raisonnement soit disant « scientifique » permet alors la justification de l’esclavagisme, qui se poursuit en Europe et aux États-Unis jusqu’à la tard moitié du 19e siècle.
Ce n’est que vers les débuts du 20e siècle que les scientifiques américain.e.s et européen.ne.s se sont finalement opposé.e.s au concept de la « science de la race », afin de plutôt parler d’un concept de « groupes ethniques », éliminant ainsi l’idéologie d’un concept biologique de la hiérarchisation de l’espèce humaine.
(Texte adapté de « Le postulat de la supériorité blanche et de l’infériorité noire »)
« Selon le niveau de précision que l'on cherche à respecter, on peut finalement énoncer soit qu'il n'y a pas de races dans notre espèce, soit qu'il n'y en a qu'une : l'humanité, soit qu'il y en a autant que d'humains, soit que “le concept de race n'est pas opérationnel pour notre espèce”. La conséquence la plus claire, qui n'est pas sans conséquence pour l'organisation de nos sociétés, est que tout raisonnement faisant référence à des races humaines est dépourvu de base scientifique. […] Cette impossibilité vient de ce que les écarts les plus importants sont constatés entre populations voisines, et on entre les grands groupes habituellement considérées comme des 'races', les Noirs, les Jaunes et les Blancs. »
- Albert Jacquard, L’équation d’un nénuphare (1998)
Antiracisme en STIM
- Questions pratiques
- Mot de bienvenue d’Actua
- Introduction
- 1. Identité et intersectionnalité
- 2. Positionnement et vision du monde
- 3. Discrimination
- 4. Identité blanche et STIM
- 5. Racisme systémique et anti-racisme
- 6. Racisme en STIM
- 7. Racisme dans la salle de classe
- 8. La responsabilité ancestrale et la solidarité
- 9. Privilège
- 10. Intervention et résolution de conflits auprès …
- 11. Décolonisation de l’enseignement et des STIM
- Réflexion guidée
- Sondage
- Biographies et Coordonnées
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