Introduction

Introduction

Người tham gia thân mến
Cher.e Participant.e,
Dear Participant,

Nous sommes enthousiastes et vraiment aux anges que vous ayez choisi de mettre vos talents en science, en technologie, en ingénierie et/ou en mathématiques (STIM) au service de la formation des jeunes personnes à travers ce qui est actuellement le Canada. Afin de briser les barrières structurelles qui existent au sein de notre société, nous avons l’obligation de prendre conscience des systèmes de pouvoir et d’oppression qui sont le résultat de l’héritage complexe de la double colonisation de ce pays, ainsi que de la suprématie blanche. Dans votre engagement pour offrir des connaissances et des leçons en STIM, vous aurez des interactions importantes avec des jeunes de plusieurs origines culturelles et ethniques. En reconnaissant les barrières d’apprentissage pour les élèves issu.e.s des identités racisées et/ou marginalisées, la présente formation a pour objectif de vous outiller dans la création des espaces d’érudition qui sont à la fois inclusifs et antiracistes. 

Cette formation comporte onze sections créées de concert par les équipes de Future Ancestors Services, SuperNOVA et Actua. Par la suite, nous avons également préparé une réflexion guidée visant à vous donner l’occasion d’interagir avec les sujets abordés pendant la formation. Oui, nous allons faire le survol d’un vaste éventail de sujets, comme l’identité, les manifestations de racisme systémique et les moyens de diversifier les STIM pour que tout le monde puisse se voir dans les matières couvertes. Cependant, le véritable objectif de cette formation n’est pas de vous éduquer, c’est de vous motiver à agir. Nous souhaitons qu’à l’issue de notre temps ensemble, vous soyez avide de changements sociétaux et rempli.e d’idées et de stratégies pour abattre les systèmes de pouvoir et d’oppression à l’œuvre dans l’enseignement des STIM dans votre ville, votre province et partout ailleurs au Canada.

Trân trọng,
Cordialement,
Sincerely,

Chúk Odenigbo et Myriam Moussa 





Intentionnalité

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous souhaitons prendre un moment pour vous parler de l’intentionnalité qui a guidé la conception et la création de cette formation. Cette formation trouve ses origines dans une conversation lancée par l’équipe de SuperNOVA (Hil Hamilton et Clayton Murphy) avec l’équipe de Future Ancestors Services (Mo Phùng et Chúk Odenigbo). Pendant cette discussion, nous avons parlé de la mission de SuperNOVA, de son cadre de fonctionnement et de ses besoins et objectifs en matière d’antiracisme. Par la suite, Mo et Chúk sont réuni.e.s afin de créer une formation asynchrone visant à répondre à ces besoins et à remplir ces objectifs, avec la participation d’Actua en coulisses.

Plus tard dans l’année, les équipes de SuperNOVA (représentée cette fois par Hil Hamilton et Alexandra Fenton), d’Actua (représentée par Tracy Ross) et de Future Ancestors Services (représentée par Chúk et Mo) se sont réunies avec pour objectif de remodeler la formation pour qu’elle reflète véritablement nos désirs et nos besoins en tant qu’organismes vouées à la création d’une société harmonieuse, inclusive et antiraciste. Au début d’une rencontre qui durerait trois heures, nous avons: 

(1) défini le cadre dans lequel nous souhaitions travailler, soit un espace éthique :

« [L’espace éthique] est une approche qui consiste à observer collectivement les valeurs et intentions sous-jacentes à nos comportements ainsi que la manière dont des différences culturelles subtiles peuvent s’affronter à notre insu. De nos jours, les normes qui régissent la vie occidentale sont devenues si omniprésentes, si enracinées dans la conscience collective, qu’on ne perçoit plus leurs fondements. L’espace éthique, qui est le produit de visions du monde contrastées, est envisagé comme un lieu de rencontre ou une zone neutre entre des personnes ou des cultures différentes. Dans cet espace, nous pouvons transcender nos allégeances respectives, quitter la cage de notre univers mental et adopter une posture propice au dialogue entre êtres humains. »

                                                                                                   Willie Ermine  [traduction libre]

(2) mis en pratique la valeur métisse de Pa iksitii (patience) :

« Dans la tradition métisse, on prend le temps d’apprécier la vie qui passe. La capacité de regarder, d’écouter et d’apprendre est considérée comme une compétence précieuse. Chez les Métis.ses, il fallait prendre le temps de réfléchir avant d’agir et de prier avant de prendre des décisions importantes. Il fallait faire les choses avec soin, avec attention et dans un but précis dès le départ. Les menuisiers métis disaient qu’il faut “mesurer deux fois et scier une fois”. La patience, et, plus précisément, l’aptitude à profiter de la vie sont illustrées dans ce conte par le passage où la famille prend le temps de s’arrêter pour cuisiner un repas et se rendre à l’arbre de vie pour y raconter des histoires. Ils auraient pu manger rapidement dans leur chariot tout en poursuivant leur chemin, mais pour eux, il était plus important de passer du temps en famille que d’arriver à destination. Le chemin emprunté pour se rendre à l’objectif est plus important que l’objectif lui-même. »

                                                                                         Leah Marie Dorion [traduction libre]

(3) défini ensemble les objectifs, valeurs, émotions, besoins et attentes qui allaient orienter notre travail. 

Pour concevoir, réviser et remodeler le contenu de cette formation en français, nous (votre facilitateur et votre facilitatrice) avons puisé dans nos identités et nos expériences vécues en tant que jeune Québécoise biraciale (Myriam) et jeune Franco-Albertain noir (Chúk) qui se trouvent à chaque moment donné, à la lisière de deux réalités, de deux ou trois langues et de plusieurs traditions culturelles. Myriam Moussa (elle) vient de la ville de Gatineau, au Québec, qui a été bâtie sur le territoire non-cédé de la nation algonquine. De son côté, Chúk Odenigbo (il) est originaire de Calgary, en Alberta, une ville érigée sur le territoire couvert par le Traité numéro 7 et la patrie ancestrale de la nation métisse.

Il faut qu’on prenne un moment de reconnaître également le.la facilitateur.rice pour la version anglaise de cette formation, Mo Phùng (ille), jeune Việt/Người Kinh né.e à Yarmouth, une ville située dans la partie du magnifique territoire Mi’gma’gi qui s’appelle aujourd’hui la Nouvelle-Écosse. Mo a beaucoup contribué au format et au contenu de la version anglaise de cette formation, ce qui a beaucoup informé et inspiré la présente version française. 

Si nos différences rendent parfois nos conversations difficiles, elles constituent également ce qui nous définit et nous unit. Nous espérons vous transmettre la beauté de la diversité, de l’antiracisme et de l’amitié interculturelle à travers nos mots. Nous vous invitons à suivre cette formation dans le même état d’esprit que le nôtre lors de sa conception : le cœur ouvert et animé d’un désir profond de transformer et de reconstruire la façon dont les jeunes abordent les STIM.

Format de la formation

Cette formation a été conçue pour être suivie en mode asynchrone afin que vous soyez aux commandes de votre apprentissage. Nous avons fait de notre mieux afin de vous défier de manière susceptible à causer de l’inconfort, mais la responsabilité de reconnaître cet inconfort et de le transcender vous revient entièrement. De plus, comme une formation asynchrone basée sur la lecture de textes ne convient pas nécessairement à tout le monde, nous vous recommandons de consulter la direction d’Actua si vous avez besoin d’accommodements particuliers pour vous soutenir dans l’engagement du contenu. La formation comprend trois éléments principaux :

Texte

La formation est principalement textuelle avec un contenu visant à être à la fois instructif et inspirant. Cet élément exige une motivation active de votre part afin de réaliser les buts et le résultats d’apprentissage mentionnés ci-dessous. 

Vidéos

La formation comprend aussi des vidéos de courte durée (5 à 15 minutes) intégrées à des moments précis dans le texte. Ces vidéos ne remplacent pas le texte. Elles visent à compléter l'enseignement en fournissant des anecdotes personnelles et des récits d'expériences vécues. Tout cela pour humaniser le contenu et vous aider à en percevoir son importance.

Réflexion guidée

Une fois que vous aurez lu tout le texte et regardé toutes les vidéos, nous vous invitons à effectuer un exercice de réflexion qui vous permettra de vous situer dans les systèmes de pouvoir et d’oppression existant dans notre société, puis d’aller plus loin en établissant des liens directs entre les connaissances que vous avez acquises et votre travail. 

Résultats d'apprentissage

Immédiatement après la formation :

  • Les participant.e.s seront outillé.e.s pour reconnaître leur propre identité et les privilèges qui y sont associés, ce qui leur permettra de mieux se situer dans les systèmes de pouvoir et d’oppression de notre société et d'interroger leur réalité(s) à travers leur positionnement. 
  • Les participant.e.s comprendront mieux la manière dont la convergence des identités peut influencer la dynamique de la classe, au-delà du déséquilibre du pouvoir dans la dichotomie enseignant.e-élèves.
  • Les participant.e.s pourront réfléchir aux façons d’intégrer les principes de l’antiracisme dans leurs méthodes d’enseignement afin de créer un environnement favorable à l’apprentissage des élèves d’origine multiculturelle. 
  • Les participant.e.s reconnaîtront plus facilement les situations qui requièrent une intervention antiraciste pour soutenir les élèves racisé.e.s ou marginalisé.e.s.
  • Les participant.e.s auront les outils nécessaires pour naviguer des relations interpersonnelles harmonieuses avec leurs collègues, indépendamment de leurs identités.

Impacts à long-terme :

  • Tout le personnel d’Actua saura remplir la mission de l’organisme, qui est d’offrir des expériences enrichissantes en STIM à tou.te.s les jeunes, et en particulier à celles, ceux et celleux qui appartiennent à une identité racisée ou marginalisée. 
  • Le personnel et les membres du réseau d’Actua pourront transférer les outils et les principes antiracistes acquis chez Actua dans d’autres environnements de travail et deviendront ainsi les ambassadeur.rice.s de l’antiracisme dans leurs réseaux respectifs.
  • Actua deviendra un organisme qui se tiendra à l'écoute des voix qui ne sont guère entendues dans les domaines de STIM, ainsi qu’une leader dans les efforts pour diversifier l’enseignement des STIM afin de rendre ces domaines à l’image de l’ensemble de la société canadienne. 
  • Actua sera mieux positionnée pour plaidoyer en faveur de l’antiracisme dans son réseau d’organismes, de partenaires et de collaborateur.rice.s.

Participer à une formation en ligne asynchrone

Cette formation aura lieu dans un espace éthique modifié. L’espace éthique est le produit de visions du monde contrastées. C’est un lieu de rencontre ou une zone neutre entre des personnes, des cultures, des identités et des façons d’être différentes. Ceci est un espace qui nous offre l’occasion de sortir de nos allégeances, nous détacher de nos cages mentales et adopter une posture propice au dialogue entre êtres humains.  

Pour que se crée cet espace éthique, modifié pour complimenter ce format asynchrone de formation, nous vous demandons d’adopter les comportements suivants :

  • Cherchez à reconnaître vos privilèges : utilisez cet espace pour reconnaître et examiner vos privilèges (en matière de classe, de genre, d’orientation sexuelle, de capacité, etc.). 

  • Prenez des risques et acceptez l’inconfort : engagez-vous à participer pleinement à la réflexion guidée, même si votre formulation n’est pas parfaite. 

  • Pratiquez l’écoute active : lisez les textes et écoutez les vidéos attentivement; prenez note des réactions défensives que cela pourrait déclencher chez vous, comme le déni, et interrogez ces sentiments afin de les surmonter à travers l’apprentissage. 

Pour en savoir plus sur les espaces éthiques, rendez-vous ici et ici.

Ordre du jour

(Durée estimée de 4,5 heures)  

  • Bienvenue et introductions
  • Reconnaissance de territoire
  • Section 1: Identité et entrecroisement identitaire
  • Section 2: Positionnement et vision du monde
  • Recommandation: Pause de 15 minutes
  • Section 3: Discrimination 101
  • Section 4: Identité blanche et STIM
  • Section 5: Racisme systémique et antiracisme
  • Section 6: Racisme en STIM
  • Section 7: Racisme dans la salle de classe
  • Recommandation: Pause de 30 minutes
  • Section 8: Responsabilité ancestrale et solidarité
  • Section 9: Privilège
  • Section 10: Interventions et résolution de conflits auprès des enfants
  • Section 11: Décolonisation de l’enseignement des STIM
  • Recommandation: Pause pour le reste de la journée
  • Réflexion guidée

Reconnaissance de territoire

L’importance de reconnaître la terre

Les reconnaissances de territoire reflètent un ensemble de traditions perpétuées par les communautés autochtones depuis des temps immémoriaux dans ce qui est actuellement le Canada. Cependant, pour une bonne partie de la population allochtone, la reconnaissance officielle du territoire où l’on se trouve est un concept relativement nouveau. Depuis les appels à l’action lancés par la Commission de vérité et réconciliation du Canada en 2015, l’énoncé de reconnaissance du territoire est devenu une pratique courante lors de l’ouverture de la plupart des événements au pays. Il s’agit d’une première étape essentielle pour enclencher un processus de guérison après des siècles de tentatives coloniales visant à effacer la présence autochtone sur la terre. 

Pour formuler une reconnaissance de territoire significative, il faut commencer par analyser en profondeur votre identité et votre relation avec la terre. Vous avez besoin de jeter un regard introspectif sur les circonstances de votre arrivée (ou de celle de vos ancêtres) sur votre présent territoire, ainsi que sur les pouvoirs sociétaux qui sont/étaient à votre disposition et à celle de vos ancêtres. C’est à travers cette introspection que vous pouvez commencer de vous permettre de comprendre votre responsabilité à l’égard de ce territoire et de ses premier.e.s gardien.ne.s, puis de reconnaître celle-ci en la déclarant publiquement pour s'engager à rendre des comptes.

Selon l’Anishinaabe-kwe Wanda Nanibush, la première conservatrice d’arts autochtones du Musée des beaux-arts de l’Ontario, toutes les reconnaissances de territoire comportent le même objectif, peu importe leur forme : commémorer le lien indéfectible des personnes autochtones avec le terre afin de se rappeler que leur présence n’a pas été et ne pourra jamais être effacée. Elle dit que la reconnaissance de territoire amorce un changement dans la manière de percevoir et de décrire le territoire, redéfinissant ainsi la façon dont les allochtones se situent par rapport aux Premiers Peuples.

 

Notre reconnaissance de territoire

Future Ancestors Services est une entreprise sociale dirigée par une équipe noire et autochtone, siégée à Calgary, une ville érigée sur le territoire du Traité numéro 7 reconnaissant ainsi la souveraineté de: la Confédération des Pieds-Noirs (les nations Siksika, Kainai et Piikani) qui a nommé le territoire Moh’kinsstis; les nations Îyâxe Nakoda qui ont nommé le territoire Wichispa Oyade; et la nation Tsuut’ina qui l’a nommé Kootsisáw. Calgary se trouve également dans la région 3 des terres ancestrales des Métis.es du Nord-Ouest, qui l’appellent Otos-kwunee en michif. Nous reconnaissons la relation de longue date entre chacun de ces peuples avec ce territoire qui demeure non cédé.

Cette formation sur l’antiracisme a été conçue en collaboration avec SuperNOVA et Actua. SuperNOVA est un organisme basé à Kjipuktuk, souvent appelée « Halifax », au Mi’kma’ki, le territoire ancestral non cédé de la nation Mi’kmaq. Ce territoire a fait l’objet de traités de paix et d’amitié que les peuples Mi’kmaq Wəlastəkwiyik (Malécites) et Passamaquoddy ont signés avec la Couronne britannique pour la première fois en 1726 et qui n’ont pas été respectés. Nous rendons hommage aux liens profonds qui unissent les Mi’kmaq et ce territoire depuis des temps immémoriaux. Le siège social d’Actua se trouve dans un milieu connu pour Adawe (la commerce), sur le territoire Algonquin non cédé. Aujourd’hui appelée Ottawa, cette terre est devenue la capitale du Canada, un pays fondé sur la colonie de peuplement

De plus, nous rendons hommage à tous les peuples autochtones de toutes les nations qui vivent dans les territoires du Traité numéro 7, de Kjipuktuk et d’Adawe. Les peuples autochtones de l’Île de la Tortue et du monde entier exigaient et exigent encore la justice climatique, la souveraineté et le droit de vivre. Nous devons absolument suivre la voie désignée par ces premiers peuples, qui placent la Terre et son bien-être au cœur de leurs systèmes de savoirs, de leurs enseignements et de leurs cultures.

Nous nous souvenons et honorons l’histoire de l’esclavage et de l’engagisme vécue par des personnes noires et non- noires lors de la fondation et de la construction du Canada. En Nouvelle-Écosse, nous aimerions reconnaître la puissance des Afro-Néo-Écossais.e.s qui ont surmonté et continuent à surmonter des barrières et des obstacles menant à la souffrance et aux difficultés vécues. En Alberta, nous saluons les Sino-Canadien.ne.s qui ont souffert de mauvais traitements et de racisme structurel lors de la construction du chemin de fer qui a connecté l’est à l’ouest. Nous devons à tous ces gens courageux un grand nombre des droits dont nous profitons aujourd’hui au Canada. Il serait négligent de notre part si nous étions aveugles aux relations complexes et parfois stratifiées entre les personnes autochtones, noires et d’autres groupes racisés. Cependant, nous croyons fortement au potentiel et à la puissance de nos efforts solidaires pour changer le monde. 

Pour terminer, nous reconnaissons  toutes les nations autochtones et allochtones qui vivent, travaillent et s’amusent sur ces terres, qui les respectent et les célèbrent. Parmi ces nations, nous reconnaissons les Acadien.ne.s, les Franco-Albertain.e.s et les Franco-Ontarien.ne.s, qui ont vécu de la discrimination, de la ségrégation et de l’assimilation en raison de leur langue, malgré leurs liens profonds avec ces terres. En résidant, travaillant et nous vivant dans ces lieux de rencontre sacrés, nous avons aussi la responsabilité de participer au processus de réconciliation et de faire preuve de leadership à cet égard.


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