1. Les formes de pouvoir

On associe souvent le « pouvoir » à la force et à l’influence. Lorsque vous gérez un groupe de jeunes, vous êtes en position d’autorité. Le poids de vos responsabilités est important, mais votre attitude n'a pas à être intimidante. En examinant les diverses formes de pouvoir en action, vous pouvez commencer à réfléchir au type de leader que vous voulez être, ainsi qu’à la manière dont vous souhaitez utiliser le pouvoir et en accorder aux autres. Rappelez-vous : ce n’est pas parce que vous dirigez un groupe que vous détenez tous les pouvoirs! 

Il existe quatre grandes formes de pouvoir : 

• Le pouvoir de référence : les élèves suivent les consignes parce qu’ils aiment l’animateur ou l’animatrice et sentent que c’est mutuel. 
• Pouvoir d’expert : les élèves suivent les consignes parce qu’ils considèrent que l’animateur ou l’animatrice connaît bien sa matière et peut les aider à apprendre. 
• Pouvoir légitime : les élèves suivent les consignes parce que c’est l’animateur ou l’animatrice qui dirige, parce que l’autorité et le pouvoir sont inhérents à sa fonction. 
• Pouvoir de récompense et de coercition : les élèves suivent les consignes pour éviter une punition ou pour obtenir la récompense promise. 

Pour chaque forme de pouvoir décrite ci-dessus, pensez à une situation où vous avez vu une personne l’exercer. Des adultes dans votre entourage – parents, proches, entraîneurs, enseignants, etc. – sont susceptibles d’avoir adopté l’une ou l’autre de ces façons d’exercer le pouvoir à divers moments. Certaines vous sembleront bonnes ou mauvaises, selon la situation.

Activité 1 : Les formes de pouvoir

Dans votre cahier d’activités ou un carnet de notes, remplissez le tableau ci-dessous, puis répondez aux questions d’approfondissement. Utilisez le tableau pour organiser vos idées et analyser chacune des formes de pouvoir présentées ci-dessus. Tentez de déterminer les avantages et les inconvénients de chacune, de même que leur degré d’efficacité selon la situation. Pour répondre aux questions d’approfondissement, réfléchissez à votre façon de réagir au pouvoir ainsi qu’à des situations de votre vie où des personnes en position d’autorité ont exercé ces diverses formes de pouvoir. 

Questions d’approfondissement :

• Parmi ces trois formes de pouvoir, laquelle vous semble la plus efficace, dans quelle situation et pourquoi? 
• À quelle forme de pouvoir réagissez-vous le mieux dans le cadre de vos études? Et dans le cadre de votre travail? 
• En tant qu’animateur ou animatrice (ou autre fonction déjà exercée auprès des jeunes), quelle forme de pouvoir utilisez-vous le plus souvent? Laquelle êtes-vous le moins à l’aise d’utiliser, et pourquoi? 
• Si possible, discutez en équipe des difficultés que pourrait rencontrer, selon vous, un animateur ou une animatrice utilisant les diverses formes de pouvoir. Avez-vous vécu des situations qui correspondent à chacune de ces formes de pouvoir? Que s’est-il passé?

2. La justice réparatrice

Maintenant que nous avons exploré les quatre formes de pouvoir, examinons la gestion de classe sous l’angle de la justice réparatrice et de la redirection des comportements. Dans cette approche, l’élève est invité à assumer la responsabilité de son comportement et à collaborer avec l’animateur ou l’animatrice. Les deux parties doivent avoir confiance en la capacité de l’élève à se maîtriser. En amenant les élèves à prendre conscience de leur capacité d’autorégulation, nous leur accordons le pouvoir de le faire. En leur offrant des choix positifs, nous créons un cadre où ils peuvent développer cette aptitude. Grâce à cette approche structurée, les jeunes peuvent éprouver un sentiment de réussite.

Selon Ted Wachtel de l’International Institute for Restorative Practices, les gens sont plus heureux, plus collaborateurs, plus productifs et plus susceptibles de faire des changements positifs lorsque les personnes qui les dirigent évitent de leur imposer des choses, agissent AVEC eux plutôt que POUR eux. Relisez cette dernière phrase. Qu’en pensez-vous? Êtes-vous d’accord avec ce point de vue? Comment avez-vous réagi dans le passé lorsque des gens vous ont imposé des choses, ont agi pour vous plutôt qu’avec vous?  

Dans une approche de justice réparatrice, l’élève doit prendre conscience des conséquences de ses actions sur les autres et en assumer la responsabilité. On l’invite à collaborer à la recherche d’une solution positive plutôt que de le punir ou de le blâmer. On pose des questions pour amener l’élève vers des pratiques de justice réparatrice. On peut lui dire, par exemple, « Qui est touché par ton comportement? » et l’inviter à partager sa réponse plutôt que « Ça me dérange quand tu parles pendant que j’enseigne ». Ou encore « Que peux-tu faire pour arranger la situation » plutôt que « Je pense que tu devrais t’excuser ». Cela aide l’élève à trouver une solution dont il ou elle fait partie. Pouvez-vous trouver d’autres exemples? 

Le degré d’autorégulation et de maîtrise de soi des élèves peut varier selon divers facteurs, comme l’âge, l’aptitude et des expériences antérieures de justice réparatrice. Les attentes ne sont pas les mêmes selon qu’on traite avec un enfant de cinq ans ou une ado de 15 ans. Toutefois, la justice réparatrice peut faire partie de vos méthodes de gestion de classe, peu importe les caractéristiques des jeunes de votre groupe. 

Il est important de noter que, pour être efficace, la justice réparatrice doit s’accompagner de mesures de soutien. Il faut aider les élèves à faire des choix positifs et leur proposer un comportement souhaitable; autrement, il n’y aura pas de changement. Dans la prochaine activité, on vous invite à réfléchir à la façon dont vous pouvez aider les jeunes à faire de bons choix plutôt que de les réprimander ou de leur interdire de faire certaines choses. Dans l’activité de groupe qui suivra, vous pourrez mettre en pratique l’approche de justice réparatrice.

Activité 2 : La reformulation

Pour chacune des phrases ci-dessous, suggérez au moins une reformulation qui permettrait d’offrir une solution de rechange positive aux élèves et de les rediriger vers le comportement souhaité. 

La première reformulation est indiquée à titre d’exemple. Utilisez le reste de l’espace pour ajouter des phrases que vous avez déjà entendues et leurs reformulations possibles.

Complétez le tableau :

Activité de groupe optionnelle

Vous pouvez faire cette activité de groupe si vous suivez la formation en compagnie d’autres membres de votre équipe ou lors de votre prochaine réunion.

Avec un ou une collègue ou en groupe, choisissez une situation de conflit potentiel, puis essayez de formuler des questions pour rediriger le comportement. Exemples de situations :

• Un élève s’empare du matériel d’un autre sans demander la permission
• Une élève intimide une de ses collègues
• Un élève quitte la classe sans permission 
• Deux élèves se crient des insultes

Une personne joue le rôle de l’animateur et une ou plusieurs autres jouent les élèves. Le reste du groupe, s’il y a lieu, peut observer la scène et fournir des commentaires. 

Dans ce scénario, la personne qui joue l’animateur doit poser des questions pour rediriger la situation de conflit vers une résolution et les autres doivent réagir à l’intervention comme le feraient des élèves. Après l’exercice, travaillez en groupe pour déterminer les raisons pour lesquelles certaines questions ont fonctionné et d’autres non, et comment chacun s’est senti durant l’expérience. 

Exemples de questions de redirection (pour les élèves en conflit et les personnes touchées) :

• Que s’est-il passé? 
• À quoi pensais-tu quand cela s’est passé? 
• Que penses-tu de ce qui s’est passé?
• Qui a été touché par ce que tu as fait, et de quelle manière? 
• Que crois-tu que tu devrais faire pour arranger les choses?